Villes Vertes : Réduire les îlots de chaleur grâce au végétal et à l'irrigation

Le réchauffement climatique est une réalité indéniable qui a des répercussions majeures sur notre planète. Les émissions de gaz à effet de serre résultant des activités humaines ont entraîné une augmentation des températures moyennes à l'échelle mondiale, modifiant ainsi les schémas climatiques et exacerbant les phénomènes météorologiques extrêmes. L’été a été marqué par les phénomènes extrêmes. Incendies et sécheresse en Europe, inondations meurtrières au Pakistan, pluies diluviennes aux États-Unis, pénurie d’eau… Le climat s’est affolé, rappelant l’urgence à prendre en compte ces changements. Depuis plusieurs années, les rapports du Giec (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) se suivent et se ressemblent, dressant, à chaque fois, des constats alarmants. Parmi les conséquences les plus préoccupantes de ce changement climatique figurent les îlots de chaleur urbains, des zones où les températures sont significativement plus élevées que dans les zones environnantes, en raison de l'accumulation de chaleur dans les matériaux urbains comme le béton, le bitume et les structures métalliques. 

Les îlots de chaleur urbains sont le résultat direct de l'urbanisation croissante et de la transformation des paysages naturels en zones urbaines denses. Avec l'expansion rapide des villes et la multiplication des infrastructures imperméables, la capacité des surfaces urbaines à absorber et à retenir la chaleur du soleil s'est considérablement accrue. Par conséquent, pendant les mois les plus chauds de l'année, les villes deviennent de véritables fours, avec des températures qui peuvent dépasser de plusieurs degrés celles des zones rurales avoisinantes.

Les conséquences des îlots de chaleur urbains sont multiples et affectent non seulement le confort des habitants, mais aussi leur santé et leur bien-être. En période de canicule, ces zones surchauffées deviennent des véritables pièges thermiques, exposant les résidents à des risques accrus de coup de chaleur, de déshydratation et d'autres problèmes de santé liés à la chaleur. De plus, la chaleur excessive peut aggraver la pollution de l'air en favorisant la formation d'ozone troposphérique et d'autres polluants atmosphériques, ce qui entraîne des problèmes respiratoires et cardiovasculaires chez les habitants des villes. 

Face à ces défis, une solution émerge comme une réponse prometteuse pour atténuer les îlots de chaleur urbains et améliorer la qualité de vie dans les villes : les villes vertes. Les villes vertes, également connues sous le nom de villes durables ou écologiques, sont des environnements urbains conçus pour intégrer davantage de végétation et d'espaces verts, rétablissant ainsi l'équilibre entre le béton et la nature. Cette approche innovante de la planification urbaine vise à créer des environnements urbains plus résilients, plus durables et plus agréables à vivre pour les habitants.

La solution contre les ilôts de chaleur urbains consiste à augmenter la couverture végétale dans les zones urbaines. La création de parcs, de jardins communautaires, l'installation de tramways végétalisés et l’adoption de toitures végétalisées sont autant de moyens efficaces d'introduire plus de verdure dans nos villes. En plus de leur esthétique agréable, ces espaces verts offrent une multitude d'avantages environnementaux et sociaux, contribuant à réduire les températures, à améliorer la qualité de l'air, à favoriser la biodiversité et à renforcer le lien social entre les habitants. 

Les parcs et les espaces verts jouent une multitude de rôles et ont des impacts bénéfiques tant sur la santé des individus, de l’environnement que de l’économie. Ils sont d’autant plus efficaces s’il existe un système d’arrosage pendant les vagues de chaleur (sinon l’effet est divisé par 4). Plus les parcs sont arborés et matures, plus le rafraîchissement est important. À Göteborg (Suède), la différence de température maximale entre un parc et son environnement construit a été mesurée à 5,9 °C.  À Mexico, l’effet de rafraîchissement d’un parc a été observé jusqu’à 2 km.

Les arbres isolés ou en bordure de route peuvent diminuer la température de 2 à 3 °C grâce à l’évapotranspiration et l’ombrage. Plus le nombre d’arbres est important, avec un feuillage dense, un apport d’eau adapté et un pied en pleine terre, meilleure sera leur efficacité.

Les arbres, en particulier, jouent un rôle crucial dans la lutte contre la chaleur urbaine. En plus de fournir de l'ombre et de rafraîchir l'air ambiant par le processus de transpiration, ils agissent comme des puits de carbone en absorbant le dioxyde de carbone atmosphérique, contribuant ainsi à atténuer les effets du changement climatique. De plus, les arbres ont un effet positif sur le bien-être mental et physique des habitants en créant des espaces de loisirs et de détente, en réduisant le stress et en améliorant la qualité de vie générale.

 Il faut savoir qu’en 1 an, un arbre...

  •        rafraîchit comme dix climatiseurs fonctionnant en continu.
  •         absorbe 2800 litres d'eau de pluie.
  •        filtre 27 kilogrammes de polluants de l'air.

Il existe environ 200 millions d'espaces le long des rues de nos villes où des arbres pourraient être plantés. Cela se traduit par la possibilité d'absorber 33 millions de tonnes supplémentaires de CO2 chaque année et d'économiser plus de 4 milliards d'euros en coûts énergétiques.

Les toitures végétalisées sont une autre solution efficace pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. En recouvrant les toits des bâtiments avec des couches de végétation, on crée des surfaces qui absorbent la chaleur, réduisant ainsi la quantité de chaleur reflétée et émise dans l'atmosphère. De plus, les toitures végétalisées agissent comme des isolants naturels, réduisant les besoins en climatisation et en chauffage des bâtiments, et contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’efficacité dépend fortement du type de plantes, de l’épaisseur du substrat et de l’irrigation. Il faut en effet que la végétation soit intense et que le toit soit bien humide pour que cela soit réellement efficace. À Hong Kong, la végétalisation a permis d’abaisser de 1 °C la température de l’air à 1,50 m des toitures.

Les murs végétalisés, quant à eux, protègent le bâtiment du rayonnement solaire et réduisent la température de surface des murs. La température de l’air à proximité de la façade est fortement réduite mais devient insignifiante à 1 m.

On ne compte plus les villes qui ont construit ou sont en train de mettre en place un tramway. Un passage quasi obligé pour celles qui veulent se mettre à l’heure du développement durable en matière de transports publics.

Les tramways végétalisés créent des corridors verts qui non seulement embellissent le paysage urbain, mais aussi contribuent à réduire les températures et à améliorer la qualité de l'air (avantages esthétiques, écologiques, acoustiques ou encore économiques). Les pelouses seront 30 degrés plus fraîches que le bitume et 14 degrés plus fraîches que le sol nu durant la chaleur de l'été.

Cependant, pour que cette végétation urbaine puisse prospérer et jouer efficacement son rôle dans la réduction des îlots de chaleur, une gestion appropriée de l'eau est essentielle. Pour survivre, les végétaux ont besoin d’eau surtout les jeunes. C'est là qu'intervient l'irrigation, et plus spécifiquement l'irrigation au goutte-à-goutte. Contrairement aux méthodes d'irrigation traditionnelles qui peuvent gaspiller d'importantes quantités d'eau par évaporation ou ruissellement, l'irrigation au goutte-à-goutte répond aux besoins de la plante en apportant de l'eau directement dans la zone racinaire de la plante, là où elle est nécessaire. Elle permet ainsi d'économiser des quantités importantes d'eau, allant jusqu’à 50% d’économie d’eau par rapport à une irrigation traditionnelle

Il s'agit de l'approche la plus efficace en matière d'irrigation, qui vous permet d’arroser n'importe quelle plante, dans n'importe quelle topographie et sous n'importe quel climat.

En réduisant les îlots de chaleur urbains, les villes vertes offrent une série d'avantages tangibles pour les habitants. Outre la diminution des températures estivales et l'amélioration de la qualité de l'air, ces environnements plus verts contribuent également à réduire les risques pour la santé associés à la chaleur extrême, à favoriser la biodiversité urbaine et à renforcer le lien social entre les habitants. De plus, en améliorant la résilience des villes face aux changements climatiques, les villes vertes contribuent à assurer un avenir plus durable et plus prospère pour les générations futures.

Dans un contexte où les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir, il est impératif que les décideurs urbains adoptent des stratégies de planification et de conception urbaines qui intègrent pleinement les principes des villes vertes. En investissant dans la végétalisation urbaine et en mettant en place des systèmes d'irrigation efficaces, les villes peuvent non seulement améliorer la qualité de vie de leurs habitants, mais aussi renforcer leur résilience face aux défis climatique à venir.